vendredi 1 décembre 2006











































































Marie...
Ce prénom fut magie de ma vie : il m'a emporté très, très loin de tout port, m'a fait visiter des émotions d'une intensité que je n'imaginais pas - d'immenses joies oui, mais surtout un abîme de tristesse, touchant du bout du coeur à l’inaccessible.
J’espère néanmoins y avoir ennobli le sentiment, et peut-être approché le mystère d’aimer, où se tient, voilé, celui de toute création.
Avant elle, je cherchais au-dehors la pure féminité, et je sais à présent que chacun le porte en soi, le visage de la grâce, le doux rivage ensoleillé.
Depuis elle, le coeur est libre, disponible ; disposé à l’amour vrai.

LC











Exil

Si heureux parfois
A ramasser l'enfer
Et j'ai peut-être trop souffert
A promener le paradis

Combien de vies
Et une seule mort
Combien de morts
En une seule vie

Un jour la pluie
Une nuit l'arc en ciel
Je ne l'ai pas compris
Mais j'ai souvent pleuré mes frères

Quoi de plus triste que ton prénom
Au fond de moi
Visage de tant de lunes
Au clair noyé au fond d'un lac

Mon coeur aurait vingt ans
Mais mes mains ont vieilli
Nulle ne les tient
Ces mots sont sans écho







On ne peut vivre sans amour

Où es-tu chrysalide
Du jour en pluie
D’étincelles qui font le chant
Sur la rivière en plis d’argent
Offert
A mon âme aérienne

Et je serre un appel
Dans mes bras et frissonne
Et c’est d’elle

O pourvu que mes yeux ne tremblent pas
Lorsque l’éclair
Visitera l’aveu

Je n’ai qu’un seul soleil
Où l’horizon sourit
Et c’est elle
Je n’ai d’autre promesse
Que l’illumination
Du sourire de ses yeux

Que d’agonies avant
La pure apparition
Blanche dans mon coeur
De lys

J’ai eu le temps de l’arpenter
Cet élégant amour
L’absence est dans la ville
A chacun de mes pas

Le vide qui s’est fait
Ce mur dressé
L’allocution de l’ombre
Le désert sans la dune
M’ont enseigné le voeu

On ne peut vivre sans amour
Ni prier sans enfance

Je suis toujours l’enfant
Dans les bras de la mer
J’ai toujours son visage
Des larmes miraculées
Déferlent sur la plage
En perles du passé

Combien sont-ils loin du nombre
Toujours dignes

Et parmi les derniers
Où va-t-elle

Et quant au nombre
La détresse au coeur du monde
C’est en eux qu’ils la fuient

Le malheur ils ne le parlent pas
Mais bavardent l’ennui
A l’ombre de la mort
Qui vit
La grande tristesse au fond de l’âme humaine
Ne leur dit rien
L’âme non plus
Ni la grandeur
Ils ont tout rétréci
Comme leur joie
Chétive et leur tendresse
Fétide va aux yeux clos
Derrière les volets de leurs fêtes
Grasses
Dans leurs regards vides
Ce qu’ils nomment la vie
N’a pas même à mourir
L’avidité malade
Ils la nomment désir
C’est dans la fange
Qu’ils voient l’ange
L’être au néon
Et la lumière
Néant
Devant un ciel qui se relève
Prudents il se taisent
Et disent
Que la vie est belle
Au lieu même de leur cri
Le sang des autres leur paraît
Rose
Et bleu le gris
Ils ignorent la guerre
Qui ment de tout
Mâchent leurs mots
Vomissent la lumière

Ainsi se rejoignent
La prière et le frère
Le vent violent le souffle
Et la lenteur du ciel
La robe de l’amante
La nudité du coeur
Le sang
La peine

L’instant est éternel comme
La main ouverte
Aussi loin que suffit
A la nuit inversée
L’aveu du jour







A l'ombre d'une femme en pleurs


Elle suscite le verbe et le revêt
Sa robe claire
Danse
Au soleil une éternelle adolescence
Mais notre enfance a fui

Je l'ai surprise à la fontaine
Assise tristement sous les grands arbres
Pensive
Devant le miroir
En proie à l'ombre des nuages

Sombre est le puits
Où la mémoire se vide
D'aimer
Les bras ouverts
D'en recueillir le vide

Je cherche encore le visage
De la femme et de la fille
Le deuil
Et au-delà l'empreinte
Où elle renaît

Ô le visage humain
Les plis d'amour défait
Le vent
Dans chaque ride l'affreux sourire
Du bonheur simulé

J'habille son regard de mon amour
De tout l'amour que j'ai volé
La nuit
J'insiste du sourire
De l'ange abandonné

Mais je ne sais
Comment éteindre la pluie
Que faire
De la plage oubliée
Ni pourquoi vivre







Que disent les roses

Mer aimée couvre-moi pendant que je suspends mon coeur

rien n'est jamais comme je croyais
même après ton passage
jamais encore ne m'a pris la marée

mais pour moi mon coeur peut attendre
j'ai déjà l'amour de celle qui ne viendra peut-être jamais
tout entier déplié

j'en ai fait la voile
mais si tu voulais m'aider alors j'irai

sans toi je ne peux rien
qu'étendre ces bras que la tristesse accueille
revoir les amants malheureux

combien là-bas attendent cette heure
et que disent les roses
de ma patience

pour quel amour de la jeune dame ne sera-t-il jamais trop tard

tristesse
c'est du haut des trois peupliers qui se balancent dans le vent
que je t'abolirai







Chante tristesse

Je l’ai choisie sauvage ma vie. Je ne m’en plaindrai pas.
L’écho porte plus loin
Le son est dégagé
Le voile en est léger

Mais je vous la dirai avant qu’il ne soit trop tard
Pour que vous les parliez les mots nouveaux.

Pour se noyer de tristesse seul l’abîme convient.

Quel appel me retient ?
Quoi de plus sombre que la nuit ?

Et si ce n’était que moi
Mais regardez les miens
Les divins sont tombés
Sourds muets aveuglés
Et tous les nôtres
Rétrécis humiliés
Et les autres
Affamés dans nos mains
Impuissantes à donner
Puisque nous n’avons rien
A crier
La voix tranchée

O pitié
Que tu es vaine
A nous acheminer

Je sens je sais j’enseigne
La défaite
L’insuccès

La poussière ne s’est pas relevée
L’immensité l’a oubliée
Et dispersée dans le vent
Le vent mauvais

Que faire d’autre que partir
Enfin mourir
D’ici
Comment vivre sinon
Sans amour je ne pourrai jamais
A quoi persévérer
De quoi d’autre est-il fait
Quelle est sa Reine ?

L’absente qui m’accompagne
Combien de fois m’a-t-elle sauvé
Et pourquoi ?

Tu interviens
Dans ma lignée
Sous la masse liquide
L’énormité glacée
Pourquoi la main
Tes yeux
Plongés
Consolant l’un sauvant son fils
Mais moi je ne suis pas marin
Ou bien d’une autre mer
Quelle Mer es-tu
Qui ne peut me noyer
A force de se détacher
Que reste-t-il
Où est le prochain gouffre
Pour m’inspirer la fin
Qui me convient
Seul, ignoré, inconsolé
Ayant tout pardonné
Ignorant toute main

C’est là que le deuil prendra fin
Que j’irai vous chercher
Vous les plus oubliés
Les plus lointains prochains
Les larmes les plus lourdes

Vous les verrez monter
S’accrocher aux nouvelles étoiles

Elles seront la parure
Du plus beau Jour de toute
L’éternité







La fontaine qui rejaillit

Ma mémoire est-elle
La fontaine qui rejaillit
Pourquoi sous le soleil
La persistance de la pluie
Et non l’inverse

Quelle eau faut-il encore verser
Dans le creux de ma vie
Pour pouvoir l’oublier
La place abandonnée
Que tu as prise

Je veux bien battre des records de pleurs
Mais j’en ai assez fait
D’erreurs
Assez usé
Des balbutiements de mon coeur

Alors je t’attendrai encore
Sous le rideau de pluie
Mais cette fois j’aurai
Tu l’entendras
Pour tout piano
Un arc en ciel au bout des doigts







Passagère

ne reste pas à l'attendre
celle qui devine
d'un peu de bleu
le ciel
si tu prends un chemin
qui n'est pas que le tien
laisse des traces
un visage
un lendemain
si tu n'as personne
pour relier ton destin
à tous les hommes
décris tous les matins
sur ton passage
si nulle amie ne convient
pour te prendre par la main
dis à toutes les femmes
tes paysages
ces fleurs dans ton coeur
la rive de ton âme
fais en toi la Mer
de tes propres mains
montre les îles
et le chemin
que du présent
où nulle ne vient
comme tu la rêves
tu offres à toutes
ou l'ivresse
ou le vin
pousse encore sur la rive
n'appelle pas en vain
un ange dans les sables
mais sur la plage
sois un grain
le sel et l'air marin
Ainsi tu vois que l'impossible
couvre l'autre moitié
du paysage
c'est ainsi que tu fais l'arche
lance la passerelle
gonfle la voile
fixe l'étoile
allume la vision
— tu es de l'ange
l'horizon
la Mer sera ton anse
la passagère de tes raisons
voyage de ton âme
pour que tu y rejoignes
dans la flamme des jours
et pour toujours
d'entre toutes les femmes
la Dame de haute renaissance
— non pas la mère de dieu
mais la fille de l’Homme









A rendre aux oubliés

Jour de Paix ! La Nuit est passée,
l’Orage aussi, le Ciel est clair.
La violence des larmes s’est tue,
la tristesse m’a abandonnée,
je ne suis plus au regret,
tendre inconnue,
de ne pouvoir t’aimer.
Que m’est-il arrivé,
quelle Folie me voulait ?
Tu pouvais être l’Amie,
celle qui me consolait,
celle que j’aurais guérie,
à force de mots vrais,
pour qui Ciel et Terre se soudaient
— Éternité réinventée.
Et ce n’est rien.
Voici que mon coeur s’est retourné,
j’ai fini de pleurer, et je reviens
sur la rive du monde,
et je dirais ce qu’il en est
— de la Mer étalée.
Suis donc ton chemin,
la pente douce de ta vie,
et je suivrai, quant à nous, le mien ;
les fleurs, les vives et les fanées ;
et légère, ton absence sous mes pas ;
et tranquille, l’impossible espoir,
sans un regret ;
et heureux, l’horizon
à nouveau déployé.
Qu’à présent je puisse
simplement ramasser
ces pierres lourdes au fond de moi,
qui ont ruiné mes illusions,
et les reprendre et les changer.
Perles de Vie à rendre aux oubliés,
comme ce nouveau goût d’aimer
— cette Rosée.
Voici que l’Aube n’est plus très loin,
les plus avancés l’ont déjà rejointe.
C’est un Ciel irisé,
un Appel que l’on entend,
la douce Musique qui s’élève
et qui vient
l’Amour sans lien.






Verser le peu

Encore sous le sable apaisé
Tu dors
Alors qu’au large
S’élève ton visage
D’eau

Le grain de ta peau
M’y semble vague
Et le sel innombrable
Chaud

Et comme je t’enlace
Déjà de loin
L’attente est lasse

Avant tout paysage
Des ronds dans l’eau
Un vent s’y lève
Nouveau
Je reste sage

Derrière mon dos
Les ruines
Mais je vois la cathédrale
Sur la mer
Des étoiles et de la coupe
Le cristal
Je devine son jeu

Verser la soif
Le feu
La joie divine
Vivre le peu







Où priait l’être

Source enflammée
Elle coule d’évidence
La rivière qui enseigne
Le cours solaire
Le pied léger
Vivre au-dessus de tout
Sur la rive élevée
Jusqu’à nous

Quel signe était en trop
Lequel déjà dit
Non pas là-haut
Ici
Non pas la croix ni le drapeau
Mais le cri
Le mot
Avant ma trace

J’ai repris chaque étoile
Où priait l’être
Au risque de te perdre
J’ai soulevé le voile
Pour te connaître
Eau
Soif
Ivresse
La pluie qui nous caresse
Le pli du bien
Le goût d’un rien
Le sourire à ma fenêtre
Et donc le feu de l’être
Le ciel humain
L’abri
Au soleil dans mon corps
Le beau décor
Qui te reflète
Quand la porte est ouverte
L’envie offerte
Qu’ainsi alors
Le monde est plein
Je n’ai plus de besoin
La moindre goutte
Vient en plus
Comble le doute
Et déborde ma joie

J’étais hier
La main que nulle ne tient
Je suis aussi demain
Le puits de ton sein







Sous l’incessante clarté

Je n’ai plus vu
Des ruisseaux et des fleurs
Ou des arbres
Mais nos âmes

Souvenez-vous
De quoi que soient tissées nos vies
Sous le voile
Rien ne reste oublié

Je n’ai plus vu de masques
Ni le marbre
Mais l’éblouissement

Le détail est devenu très grand
Et le songe léger
Et le mensonge
Néant

Tu ne connaîtras d’autres morts
Que celles que tu as données
D’autre nuit
Que ton propre noir

Mais la lumière qui manquait à tes pieds
Un ange te la rendra

L’amour sera ton corps
Et tu te donneras







Et se pose

Oiseau fragile
Qui parcourt le ciel
Passe à toutes les fenêtres
S’affole entre les branches
Et se pose
Au bout de ton coeur

Ce que je ressens pour toi
Ne ressemble à rien

Dans la révélation humaine
L’amour prend corps
En pleine transcendance







Graine mère

cette émotion comme un grain de lumière
planté au creux de moi
ce sont les bras d'une mère

tu jalonnes ma lignée
je viens pour toi

le visage inconnu de l'amour
la douceur qui ruisselle

je n'ai personne d'autre
qui m'apprenne à aimer
alors je te salue

mère des rescapés
prière des noyés

mais qui sur la terre ravagée
sens tes bras étendus
et le secret dans la matière
de ta virginité

alors berce-moi encore
de tes bras nus

que je m'élève en transparence
jusqu'aux plis de ta robe

la source claire

pour que j'y enveloppe
l'enfance d'un éclair







Te voilà

Tu t’es présentée à moi
Voilée sous la lumière

Je dois te deviner
Et je dois te chercher
A chaque visage rencontré

Et soudain te voilà
Jeune dame brune qui dessine un sourire les mains déliées

Du fond de moi
Je saurai tous tes sentiments
Jusqu’à cet abandon joueur
Où tu t’effaces
Toute de grâce

Jusqu’au ciel transpercé
Dans tes mains jointes
Rassemblé

A mon tour
Dans les plis de mes mots
Je viens te présenter aux hommes

Vivante

Qu’ils retournent à leurs vies
Bouleversés de ta demande







C’est comme si c’était toi


Je me suis installé près de toi

J’ai cessé d’appeler
J’ai levé tous les voiles

J’ai attendu en haut
En bas
Du plus profond en moi
Jusqu’à la plus lointaine étoile
Celle qui était sans voile

C’est comme si c’était toi

J’ai renversé ma vie
Pour retrouver ta soif
J’ai dormi au désert
Pour vivre de tes bras
J’ai tout perdu
Dedans dehors
J’ai fait naufrage
Pour t’offrir mon vrai corps
Mon âme nue
Pour pouvoir me noyer
Parmi tes larmes

Pour en être la joie
Juste au bout de ma voix







Ton visage changeant

Je ne sais si c’est toi qui traversait mes rêves
Jeune femme à la longue chevelure au bord de la rivière
Passagère de l’impossible
Où je t’atteins quand même

Maintenant tu es là
Aube dans ma réalité
De ton visage changeant
Où se font et se défont
Toutes mes saisons

Depuis que je te connais
Je ne t’ai vue que t’ouvrir
Et t’élever
Je t’ai suivie
Femme en pleine floraison
Chaque reflet que tu m’apportes
Est-ce pétale que j’effeuille
Dans la passion apprivoisée
Juste à côté de la folie

Je n’attends pourtant rien de toi
Que ton sourire et que ta voix
Ta présence tranquille
Et te rendre ma naissance

Jeune femme qui n’est pas celle de ma vie
Tu restes plantée devant moi
La vie te ramène comme la marée
Dans ton unicité

Miroir de mon coeur
Immanquablement

Et sans savoir pourquoi
De celles que je n’aurai pu aimer
C’est toi que j’aime quand même

Et de toutes celles que je n’aurai pas même effleurées
Une seule me touche
A m’embraser
De cet amour lumière







Rien que toi

Fontaine d’une autre douceur
C’est ainsi qu’à présent tu me combles

De toi à tous
Mon coeur y va
Vivant sa vie de ta vaillance
Vivant le voeu comme tu le veux
Dans la violence de cette envie
Qui chante au vent sous les voiles du temps

Dame vivante que la puissance a couronnée
Voici ta main
Je n’en peux plus
Sa douceur m’effleure et voici qu’en moi
Ce qui meurt a succombé

Rien que toi
Dans une larme
Et c’est assez pour arroser la vie
Pour l’incendie du jour prochain
Le foyer de nos coeurs
Et sur les ruines de nos erreurs
Enchaîner les spirales
Bâtir comme demeure
L’univers cathédrale







Les chemins empruntés

Me lasserai-je de dire ta trace en moi
De répandre la nouvelle
D’amour qui ne meurt pas
Quel qu’en soit le nom
Les chemins empruntés
Pour te garder en moi
Intacte quoi qu’il en soit
De nous

Je suis devant toi comme devant la moisson
Comme lorsque l’enfant revient
Et qu’on l’attend
A genoux

J’enroule ton nom sans fin
Puis le déroule pour l’horizon
Du lendemain
Quand nous n’aurons plus faim
Que notre soif nous guidera

Tu es si peu de choses
Que j’allume pour toi
La plus haute branche
En pleine nuit

Et tu es tant pour moi
Sans que je sache quoi
Que l’oiseau bleu t’y laissera
Son nid







C’est ainsi que tu nous conçois

Je me suis posé ce matin au lieu de ma jeunesse.
Un mince transparent m’en séparait.
Comme le temps a passé, quoi d’autres ?
Amour, allant et venant, épuisant ma raison, justifiant la folie que j’entraîne dans ma chute, comme elle me le demande.
J’ai renversé la peine, j’ai chuté à l’envers, je suis tombé au ciel.
Sur le sol si froid où mon âme s’est levée, mon coeur s’est allongée, l’a trouvé chaud.
L’onde a mué, le grain en pluie d’été - j’ai marché sur l’éclair, jusqu’à ton émotion, pure absence ouverte à tous les noms, moi j’y ai mis le tien, Marie, discrète jeune femme, à peine tu fus mère, que je t’ai connue soeur.
La matière sous mes pas est par toi bannière où la pureté versa, nouvelle lumière, et je la garde.
J’y respire la rivière, tu mets la source en moi, tu me combles de Terre, ce n’est pas rien, pour y annoncer ta joie, de nos mains tressées entre tes doigts, chemin de gloire où vient l’enfant, c’est ainsi que tu nous conçois.







Marie tu passes...

(A la passeuse du bonheur, en hommage à Pierre Ronsard)
Oui mais Marie
Marie tu passes
En tous rivages
Et surpasses
De ta grâce
D’un rien
D’une trace
De paix
Toute douleur d’aimer

D’autant que l’agneau dont on faisait
Ta gloire
Est agile et sauvage
Et même aime danser
Aime boire

Je ne dis pas pourtant que la rose à ta place
Ne sente bon
Ni que le rire des jeunes filles ne soit plaisant
Je ne nie pas
La caresse au passage

Mais je sais ton ivresse
Qui ne sait décevoir

Te voici et la beauté pâlit
Ou bien l’on voit que c’est par toi
Que la Lune reluit

Jamais tant ne s’éprend ma vie
Que d’Une
La servant
Passant où je demeure







C’est pour te remercier

Comme le vent fou soulève les eaux ; comme les vagues sans relâche s’abattent sur la falaise, pour l’abattre, que le vent au galop passe les terres ; comme les terres noyées où se déploient les voiles ; comme les êtres légers inscrits quand même au paysage, déchiffrant son visage mouvant, courbes nouvelles sur des flots sauvages, l’ondée qui court après le vent ;
Puis comme l’astre arrêté soudain dans l’unique clarté, puisque tout se dérobe et tout est dévoilé - ainsi va ta vie, comme la mouche à la fenêtre, qui disparaît.
Plus de mouche, plus de fenêtre, le ciel ouvert, le peuplier, et pas de vent, pas de lumière ; ta vie entière est dans le temps et pourtant, tes yeux sont affranchis de l’illusion ;
Où tu te baignes, l’éternité n’a plus besoin de rien, dès à présent.
On t’arrache les yeux, ils en renaissent.
A présent tu as tout le temps près de ta main un instant hors du temps, et la main de la dame, au sourire de ton âme.

Que veux-tu de plus ?
Ce que je donnerai : du vent, le galop ; des eaux, le soulèvement ; non la falaise, mais la vague, par-dessus les terres, le visage sauvage, que l’ondée éclaire, puis qui disparaît, et resurgit, épanoui, de l’autre côté, dans un sourire.







L'ancre du ciel

l'été s'est étiré
mon souvenir n'a pas de base
dans le ciel déplié
où je suis à la trace
une donne océane
aux creux abandonnée

grâce sur grâce
parfum de houle
j'y fait escale
tu n'en es pas gênée

aux lèvres de ton Nom
dont chaque pli est poésie
j'ai retrouvé la vie sensible
qu'aucun mot ne contient
l'envol marin
dans le vent bleu
qui me sourit

la piste des étoiles
où ta robe a glissé

flotte la poésie
tandis qu'elle nous retient
l'ancre du ciel
près de nos vies